Thérapie de la cohérence : processus de reconsolidation de la mémoire

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Problématique Depuis toujours la psychothérapie doit composer avec les mémoires émotionnelles. L’une des questions les plus fondamentales de son histoire a sans doute été de savoir s’il est possible ou non de les modifier. Longtemps considérées comme indélébiles (Ledoux, 1996), elles mettaient les thérapeutes devant un choix. Devrions-nous accepter que cette réponse émotionnelle intense doive être exposée à un processus d’extinction, sans gagner vraiment l’assurance qu’elle ne réapparaisse dans un contexte prégnant (nouveauté, fatigue, stress) ? Ou, devrions-nous prendre cette réponse émotionnelle comme un acquis dont il serait préférable de reconnaître l’existence, afin de pouvoir composer avec notre paysage psychologique (acceptation, défusion…) tout en maintenant le cap sur nos valeurs ? Et s’il était possible de modifier radicalement une réponse émotionnelle intense qui a toujours été associée à un contexte spécifique (par exemple, le sentiment de jalousie lorsque notre partenaire se retrouve dans un contexte d’infidélité appréhendée) ? Une récente découverte en neurosciences, le processus de reconsolidation de la mémoire, offre des réponses prometteuses à ces enjeux et permet de propulser les interventions psychologiques à un tout autre niveau de précision et d’efficacité. Lorsqu’elle est réactivée, la mémoire émotionnelle connaît des périodes de réouverture potentielle au niveau synaptique. En réalité, cette apparence de solidité inébranlable (vérité émotionnelle) est due au fait qu’elle est, dans la majorité des cas, réactivée dans un contexte similaire à celui où elle a été créée. En conséquence, elle se reconsolide sous une forme très proche de l’apprentissage original. Par exemple, une méfiance peut induire une attitude chez autrui qui reproduira le scénario attendu, ou encore, une situation en apparence incongruente à un schéma sera interprétée comme étant congruente (le thérapeute semble se préoccuper de moi, mais ne fait que son travail). Nous savons maintenant qu’il est possible de tirer profit de la réactivation de la mémoire émotionnelle pour la modifier : une fois intégrée en mémoire de travail, cette mémoire implicite deviendra plus sensible à une expérience incongruente à ce qu’elle anticipe (appelé “erreur de prévision” en neurosciences). De plus, contrairement à une procédure d’extinction nécessitant plusieurs expositions et pouvant demeurer fragile, l’apprentissage se fait rapidement et est définitif. En termes de neurosciences, on parle de changements synaptiques plutôt que de création d’un apprentissage concurrent. Besoin En considérant les avancées en neurosciences sur la reconsolidation de la mémoire et celles des approches thérapeutiques basées sur la reconsolidation thérapeutique de la mémoire, il est intéressant d’apprendre à appliquer la psychothérapie de manière à créer des changements réellement transformateurs (reconsolidation). Pour ce faire, les thérapeutes doivent apprendre à bien connaître les différentes étapes du processus de reconsolidation thérapeutique de la mémoire identifié par la recherche en neurosciences, afin de le guider en psychothérapie et provoquer volontairement les reconsolidations de la mémoire souhaitées.